Denis Savary
59 1/8 x 59 1/8 in
Cela évoque l’idée d'une mort suite à une indigestion du matériau précieux. Version dystopique du conte du Roi Grenouille, un baiser mal donné, une grenouille mal embrassée aurait dévié le cours de la transformation en prince et d'une fin heureuse. De par sa taille monstrueuse couplée à une imagerie bon enfant, Franz git au sol tel un bébé surdimensionné. L'aspect laiteux de la résine blanche, légèrement translucide, donne l'impression que le corps est rempli de lait. Savary nous propose un déplacement des trames narratives du registre des contes traditionnels, développés d'une rencontre des folklores occidentaux, dans sa synthèse dissonante de renvois artistiques.
Cette pièce, comme l'ensemble de l'oeuvre de Savary, est déterminée par des sources multiples qui à priori semblent en conflit les unes avec les autres. On pensera au rapport à la grenouille déifiée de Martin Kippenberger à l'esprit Pop ou Disney, mais aussi au récit hallucinatoire Le Crapaud Jaune d'Oskar Panizza, ainsi qu'au projet incongru du musée des grenouilles d'Estavayer-le-Lac. S'y greffent aussi la tradition des peintures Japonaises de grenouilles anthropomorphes s’attelant à la pêche et autres activités, tout comme la caricature animalière de Grandville, ou encore la grenouille a échelle humaine gisant en premier plan de la Vierge aux tours de Bramantino.
Le titre de cette oeuvre renvoie aux divers 'Franz' qui ont pu peupler l'histoire des arts et des lettres – que ce soit les figures hallucinées du peintre Symboliste Franz von Stuck, ou le récit de la Métamorphose de Franz Kafka, les formes indéfinissables de Franz West, ou encore les peintures animalières de Franz Marc.
De ces rencontres émerge la figure béate et niaise de Franz qui propose une résolution des enjeux moraux ou romantiques des contes, une version repue et apaisée de la grenouille de Kippenberger.